Pour célébrer le 400° anniversaire de la naissance de Molière, en 1622, la compagnie Les Mots en Scène crée un spectacle unique et original autour de la première version de Tartuffe, jouée une seule fois et aussitôt interdite, dont le texte, non conservé, a été reconstitué.
Adaptation de Christine BERNARD, d'après Molière (Titre original : Tartuffe et le Roi)
Le Tartuffe ou l’Imposteur, comédie en cinq actes, a été créé à Paris en février 1669.
Molière a présenté Le Tartuffe ou l’Hypocrite une seule fois à Versailles, le 12 mai 1664, lors des Fêtes des Plaisirs de l’Île Enchantée. Il s’agissait d’une comédie légère, que l’on a dite commandée par Louis XIV, qui se moquait des faux dévots. Agé de 23 ans, le Roi, qui venait en effet de prendre le pouvoir personnellement, avait pour maîtresse Mlle de La Vallière et tenait à célébrer avec faste le bonheur et l’insouciance.
La pièce est reçue avec enthousiasme par le Roi, qui déclare la trouver fort à son goût.
Mais, bien que déjà mis en scène par le passé, le sujet est devenu politiquement sensible à une époque où l’Eglise est secouée par un courant janséniste en révolte contre la place du clergé dans la société et certains aspects du pouvoir royal. La Compagnie du Saint-Sacrement, soutenue par la reine-Mère, fait donc pression sur le Roi pour que la pièce ne soit pas jouée en public.
Et l’on sait que Molière la remaniera plusieurs fois avant que lui soit accordée, en janvier 1669, soit presque 5 ans plus tard, l’autorisation de jouer un Tartuffe ou l’Imposteur, rallongé et considérablement édulcoré.
Deux nouveaux actes reprennent l’histoire du Mariage forcé et permettent au commissaire de police (L’Exempt) de venir arrêter le vil Tartuffe en montrant à quel point la police du Roi fait bien son travail. Mais surtout, Tartuffe n’y est plus un prêtre comme à l’origine, mais un simple dévot. Il faut savoir, en effet, que l’hypocrisie est au XVIIème siècle un mot du vocabulaire de la morale religieuse : un hypocrite simule la sainteté… alors que l’imposteur qu’il devient en 1669 est un vulgaire escroc.
Depuis cette transformation, le Tartuffe initial n’a plus été rejoué.
C’est la farce en 3 actes, telle qu’elle a été jouée en 1664 devant le Roi, que l'auteur s'est proposé de redécouvrir.
Versailles 1669. Non loin du château. Molière et ses comédiens regagnent l’humble grange qu’ils occupent lors de leurs séjours au Palais. Le moment est d’importance. Cinq ans après la représentation devant la Cour de la version originale, la troupe vient de présenter au Roi la troisième version du Tartuffe. Et, cette fois, enfin, après toutes ces années de censure, toutes ces vaines tentatives pour faire accepter son œuvre, toutes les réécritures, toutes les concessions faites au parti des dévots, Molière vient enfin d’obtenir l’accord du Roi pour pouvoir représenter son Tartuffe en public. Mais un Tartuffe remanié, car la comédie grave qui a obtenu aujourd’hui l’aval du Roi est bien éloignée de la farce satirique qu’était le Tartuffe ou l’Hypocrite original.
Cependant, ce dont ne se doutent encore ni Molière ni aucun membre de la troupe, c’est qu’aujourd’hui, le premier Tartuffe, celui dans lequel Molière fustigeait les faux dévots, celui dans lequel il usait de la farce et du rire "pour corriger les vices des hommes" et qui avait tant plu au Roi, va reprendre vie lors d’une représentation impromptue. Car le Tartuffe qui va renaître pour être rejoué dans cette grange est toujours interdit.
Dès lors, que va-t-il se passer lors de cette représentation au cours de laquelle le public de 1669 va côtoyer celui de 2022 ? Pourra-t-elle se dérouler jusqu’au bout ? Quels sont ceux, parmi les comédiens, qui auront le courage de transgresser la censure ? Quels seront les autres ? Quels choix le public sera-t-il amené à faire ? Et jusqu’où les uns et les autres seront-ils prêts à aller pour défendre la liberté d’expression?
Version "mixte" : le public est situé dans l'espace scénique, le spectacle se joue parmi les spectateurs. La version la plus interactive des trois, idéale en extérieur ou sous abri, lorsque le proscenium n'est pas matérialisé.
Versions bifrontale / trifrontale : les comédiens jouent entre deux rangées de spectateurs ou dans un large demi-cercle (320°). Le public de 1669 fait face à celui de 2022.
Version frontale : les comédiens font face au public. Cette version, légèrement simplifiée, est adaptée aux scènes traditionnelles et aux représentations scolaires.
La scénographie, épurée, reconstitue l'intérieur de la grange où se retire la troupe de Molière après la représentation devant la Cour : bottes de paille, table de ferme et buffet de nourriture, quelques tabourets...
Éclairage : bougies (sécurisées) et divers modes d’allumage au feu. (En extérieur et en nocturne exclusivement).
Sonorisation : elle donnera à entendre des bruits du quotidien évoquant l’époque de la Troupe du Roi. Elle sera systématiquement dissimulée.
Le spectacle se propose, en représentant une version jusque-là inconnue du Tartuffe, de transporter le public en l’année 1669 et, en lui faisant côtoyer celui de l’époque, de l’amener à participer à l’événement pour, s’il le désire, en devenir lui-même acteur. C’est ainsi que, côtoyant Molière et sa troupe, il aura le loisir de s’adresser directement à eux durant le spectacle et d’affirmer ses opinions, apportant ainsi sa part de surprises et d’improvisation à la représentation.
De même, quelques personnages secondaires du spectacle pourront être interprétés par des acteurs issus de la population des municipalités dans lesquelles le spectacle sera représenté, comédiens amateurs et amoureux du spectacle vivant… Un travail préalable avec eux et avec la population désireuse de participer à la représentation en tant que "public d’époque" pourra être effectué quelques jours avant la représentation.
Du Croisy / Tartuffe, directeur de conscience d’Orgon - Frédéric Juchet
Molière / Orgon, mari d’Elmire - Bernard Dussardier
La Thorillière / Cléante, beau-frère d’Orgon, frère d’Elmire - François Rognoni
Armande Béjart / Elmire, deuxième femme d’Orgon - Diane Saurat
Madeleine Béjart / Dorine, servante d’Elmire et Orgon - Annie Zeff
Charles, le propriétaire de la grange - Patrick Zeff-Samet
Louis Béjart / Madame Pernelle, mère d’Orgon - Stéphane Rastoldo
Violon - Marie-Aude Rousseaux
Les rôles qui n’apparaissent pas dans le Tartuffe original (L’écclésiastique, L'aubergiste, Le roi, Les exempts et le public de 1669), seront réservés à la population locale et aux comédiens d'autres compagnies amateurs.
Scénariste, comédien et metteur en scène, Patrick Zeff-Samet intègre en 1979 l’École de la Rue Blanche (École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre). En tant que comédien, il alterne grandes salles et cafés théâtres, télévisions, mises en scène parisiennes et tournées à travers la France. Il écrit de nombreuses fictions pour la télévision, traduit et adapte pour le théâtre des auteurs anglophones et devient en 2000 l’un des adaptateurs attitrés de Disney. En 2005, il s’installe dans les Alpes Maritimes et, tout en poursuivant sa carrière de scénariste sur Paris, il signe la mise en scène de nombreuses pièces dans la région avant de créer « Nomades », sa propre compagnie .
Depuis 2017, Patrick Zeff-Samet assure la programmation des Spectacles Vivants de la Citadelle de Villefranche sur mer, une programmation mise en place sous le nom de Citadell’Arte.
En 2020, il lance les « Billets suspendus » dans le cadre de la programmation qu'il dirige à Villefranche-sur-mer et, plus tard, à Beaulieu-sur-mer. Imaginés d'après le principe des « cafés suspendus », les billets suspendus offrent au public a la possibilité d'acheter à l'avance des billets à prix particulièrement réduits afin que des spectateurs qui n'ont pas les moyens de profiter de spectacles vivants puissent en bénéficier et venir gratuitement assister aux spectacles de leur choix.
En 2021, il crée l'Association « Comme Sur Un Plateau », destinée à promouvoir le spectacle vivant dans les municipalités en déficit de programmation des Alpes-Maritimes.
En 2022, il met en scène à Nice au Théâtre Francis Gag « Ita L., née Goldfeld », une pièce de Eric Zanetacci, interprétée par Françoise Nahon, un texte biographique sur la déportation ,dont l'action se situe en 1942.
Conjointement, il anime des ateliers d'art dramatique pour petits et grands, jeunes et moins jeunes.